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Focus Agroalimentaire : notre newsletter >> Focus Agroalimentaire 65 - mars 2021 >> Breedcafs

Projet BREEDCAFS : réduire l’impact du changement climatique sur notre pause-café quotidienne

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De nombreuses cultures tropicales sont menacées par le changement climatique, dont le café Arabica : rythme des précipitations, températures plus élevées, sécheresse plus fréquentes, etc. Ces phénomènes pourraient entraîner une baisse de la production de café Arabica estimée à 50% d'ici 2050, impactant son prix mais aussi sa qualité (moins de saveur, moins d'arôme). Des solutions existent pour lutter contre ce phénomène : pratiques agricoles et/ou variétés de café adaptées, cultures en zone ombragée, recours à l’agroforesterie. Mais jusqu'à présent la mise en œuvre raisonnée et systématique de telles approches ont été limitées à des études académiques, dans de petits champs pilotes, et n'ont pas été testées directement par des agriculteurs locaux, à grande échelle, dans des champs de différents pays.

À gauche : production de café en plein soleil. À droite : production de café après mise en place
d’un système d’agroforesterie, où des arbres cohabitent avec les plants de café pour faire de l’ombre.

Pour accompagner les sélectionneurs des nouvelles variétés pour votre café de demain, notre équipe R&D d’Eurofins Centre de Compétence Authenticité participe depuis juin 2017 au projet collaboratif international BREEDCAFS (BREEDing Coffee for AgroForestry Systems). Piloté par le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) de Montpellier, le consortium rassemble 16 représentants des différents acteurs de la chaîne de valeur du café : industriels, centres de recherche, agriculteurs, organisations à but non lucratif telles que le World Coffee Research. Ce projet, qui bénéficie d’un financement de l’Union Européenne, devrait se terminer en mai 2021.

Notre laboratoire intervient en proposant ses services d'analyse et, plus précisément, ses approches ciblées et non ciblées par RMN (Résonance Magnétique Nucléaire).

Un outil de sélection des nouvelles variétés de café

La première application de cette technique concerne la sélection des nouvelles variétés hybrides de café adaptées au changement climatique. Analyse performante et simple pour quantifier plusieurs molécules (caféine, cafestol, acides chlorogéniques, etc.), la RMN a l’avantage de remplacer plusieurs méthodes chromatographiques nécessitant divers détecteurs, colonnes et solvants en une seule analyse universelle à fort débit, adaptée au criblage nécessaire en sélection végétale.

Par ailleurs, en examinant les différences entre les échantillons du projet au moyen de traitements chimiométriques, des marqueurs de qualité ont pu être identifiés. Par exemple, en comparant les échantillons de culture ombragée et ceux de culture au soleil, nos équipes ont pu observer et isoler des zones d’intérêt dans le spectre RMN. Puis, en les corrélant avec les profils d'analyses sensorielles analysés par un panel d'experts du projet, nous pourrons ainsi mettre en place un suivi analytique objectif pour la sélection.

Ainsi, les cafés issus des nouvelles variétés, développées dans des fermes pilotes puis transférées en champ, sont analysés de manière rapide et efficace sous de multiples facettes, concourant à la sélection des meilleures d’entre elles d’un point de vue physico-chimique et sensoriel.

Un renforcement des outils de lutte contre la substitution frauduleuse d’Arabica par du Robusta

La RMN est également une technique très efficace pour analyser l’authenticité du café vert ou torréfié. Elle permet de contrôler les espèces en distinguant Coffea arabica (Arabica) et Coffea canephora var. Robusta (Robusta). Dans le cas de mélanges Arabica-Robusta, elle permet de calculer leurs proportions respectives en se basant sur la teneur relative en deux diterpènes : le 16-O-méthylcafestol et le kahweol.

La teneur naturelle de ces diterpènes pouvant varier naturellement d’un café à un autre (origine géographique, nouvelles variétés…), il est très important de mettre à jour périodiquement nos modèles avec des échantillons authentiques collectés au plus près des exploitations afin d'être sûrs de leur intégrité. La collaboration au sein de BREEDCAFS a permis l’actualisation de nos bases de données en incluant les nouveaux cafés que nous trouverons prochainement dans les rayons des magasins.

Les travaux scientifiques menés dans le cadre de BREEDCAFS ont également permis d’améliorer la quantification par RMN des molécules diterpéniques pour la détection du Robusta, café moins premium que l’Arabica et qui peut servir d’adultérant intentionnel. Ils ont été publiés dans la revue scientifique Food Chemistry fin 2020 (voir encadré ci-dessous).

D’autres publications scientifiques sont en cours, notamment une prochaine sur la caractérisation de l’hybride Arabusta, cultivé en Guyane Française.

Pour toute question, contactez votre interlocuteur Eurofins habituel ou EricJamin@Eurofins.com.

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Dans un article publié fin 2020 dans le journal Food Chemistry, nos équipes de R&D ont pu montrer que le signal RMN-1H, couramment utilisé par de nombreux laboratoires pour quantifier l’un des marqueurs du Robusta, le 16-O-méthylcafestol (16-OMC), pouvait contenir également le signal du composé 16-O-méthylkahweol (16-OMK) à hauteur de 10 %. Pour regrouper les deux composés derrière ce signal, on parle alors de 16-OMD (16-O-méthylditerpènes). Contrairement aux résultats des études antérieures de la littérature qui n’en détectaient pas, nos équipes ont décelé du 16-OMD à un niveau faible (inférieur à 1,5% d’un Robusta typique) dans 248 échantillons d’Arabica, collectés par le réseau du CIRAD. Ces résultats justifient ainsi la limite de performance du test de détermination des proportions Arabica/Robusta dans un mélange (limite à 10 % de Robusta dans l’Arabica) et confirment la nécessité d’associer, en plus du 16-OMD, la quantification du kahweol.

Plus d’information : voir Limited genotypic and geographic variability of 16-O-methylated diterpene content in Coffea arabica green beans, V. Portaluri; F. Thomas; S. Guyader; E. Jamin; B. Bertrand; G. Remaud; E. Schievano; S. Mammi; E. Guercia; L. Navarini. Food Chemistry 329 (2020).  https://doi.org/10.1016/j.foodchem.2020.127129 

 


 

Le projet BreedCafs bénéficie d’un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union Européenne sous la convention de subvention n°727934.

Les partenaires du projet BREEDCAFS